Nous poursuivons nos recherches fascinantes dans les archives à la recherche de connexions privées utilisées pour le transport de marchandises. Voici un bel exemple : en 1920, un petit embranchement fut ajouté à Heverlee, dans le bois de Héverlee, sur la chaussée de Namur .
En examinant le plan, on peut soupçonner une activité sylvicole, même si le bois d’Heverlee avait presque disparu pendant la Première Guerre mondiale. Le bois a été utilisé dans les tranchées…

Pour ceux qui ne se situent pas immédiatement, nous sommes proches de l’ancienne brasserie « La Chasse » (n° 173a sur la carte cadastrale), aujourd’hui connue sous le nom de Brasserie 500. Entre-temps, la E40 a été construite à cet endroit. Le couvent « De Jacht » sera construit à proximité dans quelques années, aussi avec l’aide du tram.

Le plan détaillé confirme très probablement que cela a servi à la sylviculture. Dans ce détail, on remarque une « voie de transbordement » de seulement 0,60 mètre d’écartement (plus étroite donc que les rails de la SNCV d’un mètre) provenant de la « Scierie de M. Van Onckelen ». Je n’en ai pas plus d’informations, mais l’objectif de ce raccordement privé était clair : une petite voie transportait le bois scié vers la chaussée, où il devait être transféré sur des convois se préparant sur le raccordement privé à construire. Ensuite, selon le sens de l’aiguillage, le bois pourrait être transféré vers Louvain ou même plus loin (via le Vaart ou la SNCB).

Je tire votre attention que cette partie n’était pas prévu pour une exploitation forestière. M Dewulf a partagé un texte ici dans les commentaires que je vous recommende vivement de lire!
Un peu plus loin, dans la forêt de Meerdael, un raccordement plus élaboré (long de 1,5 km !) a été planifié en 1926. Nous nous trouvons ici à la lisière nord de la forêt. Attention, l’intitulé « Bierbeek » peut induire en erreur (je me suis également trompé initialement…). Il s’agit de l’ancienne commune de Bierbeek, qui a été scindée en 1928 comme expliqué dans cet article sur le site officiel de Bierbeek en Bierbeek et Haasrode. Mais ici, tout est encore Bierbeek !

L’endroit montré ici n’est plus accessible, il est devenu une base militaire (SEDEE/DOVO et unité canine). L’accès est interdit…

Ce chemin dans le bois, le long duquel l’extension a été installé, porte deux noms : l’avenue du Course du Sanglier (nom qu’on retrouve aussi sur d’autres cartes) et l’avenue de la Chapelle. Le premier fait sans doute référence à la chasse y pratiqué par le duc d’Arenberg, mais l’origine du deuxième nom est moins claire. Sur une très ancienne carte (Villaret 1745-1748), on trouve un peu plus loin vers l’ouest (à droite sur cette carte) une « Croix du Mayeur de Netthen » (sic) au Monarkenweg/Oude Nethensebaan. C’est peut-être à cela que cela faisait allusion?

En 1935, il y a même eu un élargissement, avec l’ajout de voies (d’attente?) supplémentaires. Il est évident qu’il y avait beaucoup de bois munitions à transporter. De plus, un aiguillage a été ajouté en direction de Hamme-Mille. Il y avait donc une demande d’approvisionnement de ce côté-là – Hamme-Mille ou plus loin, voire même Jodoigne ou Tirlemont.
Deux choses additionnelles à noter sur ce plan. Tout d’abord, les noms ont été traduits en néerlandais. De plus, la commune de Haasrode apparaît (le nom de Bierbeek semble même effacé…). Comme expliqué ci-dessus, la commune de Bierbeek a été scindée, et donc aussi le territoire de Bierbeek dans la forêt. Haasrode a été fusionnée avec Oud’Heverlee en 1977 (tout comme Vaalbeek).
Une petite remarque : l’accès en tram n’était pas destiné à DOVO car cette unité n’existait même pas à l’époque. De plus, ce n’était pas un accès aux Springputten (un peu plus loin dans le bois), car cela a été réalisé après la Deuxième Guerre mondiale.
Un peu plus loin, en 1920, un peu plus proche d’Hamme-Mille, on trouve un plan décrivant une petite voie de raccordement. Sans doute aussi pour permettre le remplissage des convois sans gêner le reste du trafic ferroviaire, tout comme la même voie que j’ai déjà remarquée à Heverlee.

Pour vous situer, nous sommes ici près d’Hamme-Mille, à la hauteur du Walendreef (Drève des Wallons), à proximité de l’écoduc de Warande et de la chapelle Sainte-Thérèse. Bien sûr, l’écoduc n’était pas encore construit (début des années 2000) et même cette chapelle n’apparaît pas sur la carte car elle n’a été construite qu’en 1930 par la famille Vander Elst de Blanden.
Le détail et le profil sont intéressants car cela montre aussi la situation existante lors de la construction. Tout d’abord, remarquez « piste cyclable » ! Déjà à cette époque… une piste cyclable d’une largeur de 2m et bien eloignée de la chaussée pavée! Ce n’est donc pas une invention ou tendance recente … cela existait déjà il y a plus de 100 ans ! La piste cyclable actuelle très utilisée se trouve maintenant de l’autre côté, sur l’ancien lit du tram. Le plan détaillé montre également que cette piste était bordée d’arbres. Ayant moi-même encore emprunté cette ancienne piste cyclable à vélo, je comprends pourquoi elle était si mauvaise. Car même si cette rangée d’arbres avait disparu, les racines étaient toujours là…

La chaussée, d’ailleurs, était pavée. Je ne retrouve plus ces photos, mais lors de la construction de l’écoduc, j’ai pu prendre quelques clichés montrant que les pavés étaient toujours présents (en dessous du macadam et de l’asphalte) à cet endroit.

De l’autre côté, il y avait également une rangée d’arbres, mais sans doute en raison de cet écartement , quelques arbres ont dû être sacrifiés. Le plan détaillé montre également que le fossé a été déplacé (même de l’autre côté de la ligne d’arbres). On y retrouve aussi, comme dans le bois d’Heverlee, une voie ferrée de 0,6 m, ici appelée « voie industrielle ». Là aussi, on peut donc soupçonner une activité sylvicole en plein essor, ce qui explique ce petit raccordement pour permettre le chargement des convois.
Une fois de plus, ces anciens plans montrent l’utilité du tram pour développer une activité industrielle, dans ce cas-ci la sylviculture (exploitation forestière) et l’armée (munitions).



9 réponses à « Le tram comme pilier de transport de marchandises dans notre région: au service de la foresterie »
[…] savons aujourd’hui, ces terrains auraient pu devenir d’agréables pistes cyclables (des plans de pistes cyclables existaient déjà en 1920!) ou pourquoi pas, des pistes pour bus en site propre qui auraient pu […]
Juste une petite correction concernant le raccordement du dépôt de munition construit pour celui-ci et non pas pour l’exploitation forestière. Voir « Le tram au service de la base allemande Le Culot durant la 2ème Guerre Mondiale.
Amicalement
Il y avait déjà un dépôt de munitions dans les années 20-30?
Je ne parviens pas à vous mettre un petit document concernant ce dépôt qui explique son existence à partir de 1925.
D’autre puis-je utiliser vos copie de plans pour ma documentations personnelle
Bonjour, vous pouvez me contacter par brunovdc arobase Gmail point com . Et oui bien sûr mes copies sont à votre disposition. Si vous voulez j’ai des fichiers de plus haute qualité
En 1924 il semblerait que le Ministère de la Guerre reçu de l’Etat 100 hectare de terrain le long de la route Louvain / Namur à hauteur du kilomètre 7 dans le Meerdaelbos (Bois de Meerdaal). En 1925, les forces armées belges crée une route pavée de 3 kilomètres (axe Est / Ouest) sur le site. Le long de cette route pavée sont construit 90 magasins pour le stockage de munitions. Un réseau de voies de chemin de fer à voie étroite à l’écartement de 600mm est créé afin de faciliter le transport de munitions entre les différents emplacements. Un système de plaque tournante est installé en lieu et place d’aiguillages afin de réduire les manœuvres des wagons de munitions. Un dépôt atelier fut également construit dans le parc à munitions I pour le matériel à voie étroite.
Le dépôt de munitions est opérationnel et utilisable à partir de 1926. Il est en premier lieu destiné au stockage des munitions destinées à l’artillerie. Il est divisé en plusieurs parc à munitions qui comprenne un certain nombre de magasins. Les rails employés avaient une longueur de cinq mètres et le rayon de courbe était de + 30 mètres. Les wagons étaient du type tombereau de brigade allemand à quatre essieux à parois fixes autorisant une charge de 5 tonnes, ils avaient une longueur de 7,06 mètres et pesait 2.730 Kg. Il s’agissait pour la plupart de wagons récupérés après la première guerre mondiale. En 1930, il y avait au moins trois locotracteurs en service.
Le dépôt de munition est raccordé immédiatement à la ligne de tramway vicinale Louvain – Jodoigne. L’aiguillage d’entrée est placé en direction Louvain et les voies suivent la Weertsedreef (anciennement sur les cartes avenue de la Course du Sanglier et l’avenue de la Chapelle) dans le bois en desservant les parcs à munitions II et III avec un épi de deux voies et une voie de manœuvre du matériel moteur à hauteur du parc II. Ceci crée ainsi un vaste plateau d’échange entre la voie étroite et le réseau S.N.C.V. Cette voie se terminait juste avant le carrefour avec la Herculedreef (Drève d’Hercule).
La longueur totale du raccordement vicinal à voie de 1 mètre d’écartement atteignait 1845 mètres. Les rails étaient de type standard SNCV soit du type 32 kg/m. Le plus petit rayon de courbure de la voie S.N.C.V. était de 50 mètres. L’infrastructure du dépôt fut améliorée pendant l’été 1935. Un nouvel aiguillage avec courbe de raccord en direction de Hamme-Mille fut installé ainsi que deux voies de garage supplémentaires à l’entrée du dépôt de munitions.
Ces travaux furent approuvés le 25 juillet 1935 par le gouvernement et furent réalisé par l’entrepreneur Paul Cousin d’Etterbeek. Les travaux étaient terminés le 16 novembre 1935. Le réseau interne du dépôt en voie étroite (0,60 mètre) atteignait à ce moment-là quatre kilomètres. Le matériel roulant était originaire de l’ancien front de Flandre occidentale de la guerre 1914-1918. En octobre 1938, le matériel roulant fut encore augmenté par seize wagons tombereaux provenant du réseau du Fort N° 8 d’Anvers.
Le dépôt de munition de Meerdael est abandonné en novembre 1939. Les munitions et le matériel sont répartis entre les dépôts d’Eeklo et de Zedelgem. La plupart des munitions sont évacuées par le tramway vicinal essentiellement via la gare de Louvain. Il circula jusqu’à huit tramways de munitions par jour vers Louvain dans des convois pouvant compter jusqu’à sept wagons fermés de dix tonnes de charges accompagné d’un fourgon, soit une charge totale de 115 tonnes pour la locomotive en charge de la traction. Une partie fut également évacuée via la ligne N° 80, probablement via Hamme- Mille, vers Tervuren ou Saint-Joris-Weert pour y être transféré sur des wagons de la SNCB. Dans le dépôt de munitions, sur le réseau à voie étroite, les wagons étaient manœuvrés par un locotracteur de l’armée ou la force des bras des militaires.
Finalement cela à fonctionné Vous avez ainsi toute l’explication
Fantastique! Merci! Je mettrai cela en plus d’évidence sur mon blog (et ne pas caché dans des commentaires)
J’ai oublié la mot part après d’autre
[…] que le but de ce tram était principalement le transport des marchandises (par example ici et ici), donc la zone marquée « empierrement » était clairement prévue pour accueillir les […]