Quand j’ai exploré les archives du tram, soigneusement conservées par le Musée du Tram à Anvers, j’ai également étudié les gares de ce tram dans nos villages. J’ai notamment abordé Beauvechain (dans le contexte du transport des betteraves), Hamme-Mille (avec le raccordement mystérieux vers le « champ d’asile » et l’emplacement initialement prévu de cette gare), ainsi que La Bruyère (les changements liés à l’arrivée de la base militaire). Afin de partager au maximum les données que j’ai pu consulter et pour permettre de futures recherches, voici donc plus d’informations gare par gare.

Continuons avec Tourinnes-la-Grosse. Ou plutôt, comme indiqué sur les plans et une carte postale : « le garage du Fond de Tourinnes ». Vue actuelle par ici.

Même si l’on parle plus couramment de Nodebais et de Tourinnes, il s’avère que la SNCV a utilisé ces deux noms dans leurs plans et, comme le montre l’exemple ci-dessous, dans leurs documents de calculs. Cela visait sans doute à faire la distinction entre Nodebais (près de Tourinnes) et « l’autre » Tourinnes (« Fond »), même si cela n’apparaissait pas sur les bâtiments. Question pour les lecteurs qui se souviennent encore : quels étaient les noms utilisés dans le temps?

Document de 1929 montrant qu’on parlait encore de Tourinnes-Nodebais et du Fond de Tourinnes

Remarquez le deuxieme document, un calcul pour le transport de marchandises pour la sucrerie du Grand Point. Un raccordement se trouvait à Tourinnes et à Beauvechain aussi.

Plusieurs plans sont soigneusement gardés par les bénévoles au musée du tram à Anvers. Il semble manquer le plan initial de Tourinnes ainsi que celui du bâtiment même. (Il n’y a que celui d’Hamme-Mille que j’ai pu consulter, et c’était uniquement un lieu de stockage – LIEN).

Il ne nous reste que des plans d’adaptations, qui nous aident à reconstruire l’importance de cette gare. Le premier plan (non daté) semble ajouter une voie supplémentaire (pour la Sucrerie?) et une cour aux marchandises (indiqué en rouge). À noter que le bâtiment semble manquer. La rue Leeman (actuellement) avait un autre nom : sentier n°4, ou dit « du rond chêne » car elle y mène via la ruelle Mottart, avec un peu d’imagination quand même.

On voit aussi un prolongement en cendres, un aqueduc à prolonger (comme à Beauvechain) et une porte pour entrer dans la clôture des marchandises – même si, à la différence d’Hamme-Mille, il est indiqué qu’ils sont « éventuels ».

Un deuxième plan (dont je n’ai pas non plus la date) ajoute un raccordement privé, comme on en a déjà trouvé ailleurs. Je soupçonne qu’il s’agit d’un raccordement provisoire pour construction, peut-être pour une ferme ou une nouvelle construction au terminus. Par contre, le bâtiment actuel de la station apparaît sur la carte ! Ce ne m’est pas clair si c’est un bâtiment officiel, ou un bâtiment privé faisant office de gare …

J’en profite également pour partager, comme à Nodebais, la liste des personnes qui ont eu une « emprise » sur leurs terrains lors de la construction en 1893. La liste est beaucoup plus longue …

D’autres plans sur Tourinnes ont également attiré mon attention et j’en profite pour les partager. Il y a celui-ci, malheureusement en mauvaise condition, indiquant le tracé du tram quittant le territoire de Tourinnes vers l’ancienne commune de Beauvechain. Pour vous situer, le ruisseau en bleu (à gauche en haut) est la Néthen, proche de la Franche-Comté. Le sentier 35, ou ce qu’il en reste, est actuellement la Rue du Petit Jean (qui connaît l’origine du nom de cette rue ?), et l’actuelle Rue de la Nethen n’a pas encore été construite – grosso modo sur les parcelles 33, 34 et 227 (le dernier étant à Beauvechain).

Un dernier document (de 1891) en deux parties que je veux encore partager avec vous montre. Ceci montre l’importance des travaux entamés pour connecter nos villages à un monde plus large.

Notez que quelqu’un a noté le nom de certains propriétaires en crayon sur ce document

Passons sur la maison proche du point 5 (appartenant à Degrève ?) qui fut détruite pour faire passer le tram.

Regardons la Ruelle Lambert (qui porte toujours le même nom !) et le chemin vicinal n°26 (« pavé ») – « ruelle Brégare », l’actuelle rue Goffin. C’est là que cela devient intéressant… car il y a la Néthen et un sentier n°37. Ce sentier s’appelle « dit du pont de Brégare ». Ce pont, on le retrouve sur la Carte Vandermaelen (1844), comme pont sur la Néthen à la Rue Leeman, et on peut supposer que le sentier n°37 y menait. C’était clairement un point ou une personne important vu qu’on a nommé un pont, un chemin et un sentier.

Le détail montre l’effort nécessaire pour faire passer le tram entre la Néthen et cette ruelle Brégare. D’abord, il y a eu un travail de terrassement pour faire croiser le tram avec ce sentier n°37. Ensuite, une vanne a été installée pour continuer à alimenter un fossé le long du chemin, qui reviendra finalement dans le lit actuel de la Néthen. Je spécule un peu ici, et je serais ravi si un lecteur peut compléter ces informations, mais il me semble que le ruisseau au nord alimentait le moulin à eau de Tourinnes (Place du Moulin), comme on peut le voir sur d’autres cartes anciennes, telles que les cartes de Ferraris et de l’IGN.


Le split entre les deux lits se faisait peut-etre à hauteur de cette vanne (avec un mur de soutènement pour le tracé du tram), sans doute déjà en place au XVIIIe siècle, selon les cartes de Ferraris et de Villaret.

Je ne peux pas non plus déterminer quel est le lit « original » ; je soupçonne celui au sud, car il est plus centré dans la vallée et faisait partie plus loin d’une frontière entre communes. Ce n’est plus clair actuellement sur le terrain, et le lit actuel de la Néthen est un mélange des deux à Tourinnes (avec même un zigzag).

le zig-zag de la Néthen actuellement …

De toute façon, comme à Hamme-Mille (lien rue des Claines), des travaux importants ont eu lieu, cela, c’est clair.

Une réponse à « Les gares d’antan: Tourinnes »

  1. […] Sous-estimation des changements à faire dans les communes pour faire passer le bus. Sans doute cela ne lui concernait pas car il ne devait pas le payer … il identifie bien les changements à Nodebais et à Beauvechain (La Bruyère), mais cache que Beauvechain devait faire deux adaptations. Comme indique Nicole Duchene dans cet article en commentaire, une rue devait être construite pour éviter la rue de la Teinturerie allant de Tourinnes à Beauvechain (je parle aussi de cette rue ici) […]

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