Ici, dans la troisième partie de notre analyse du document de M Hoens (partie 1 et partie 2 par ici), directeur-général, nous continuerons à approfondir la décision de supprimer le rail. Cela ne veut pas dire que tout sera supprimé, car Hoens rappelle que depuis 1931, la SNCV a la possibilité d’instaurer des lignes d’autobus. Bien que l’esquisse promise manque dans l’archive, le directeur général reste optimiste quant à la faisabilité de ce projet. Il précisera plus loin le parcours en détail, mais notez déjà que deux sections ne sont pas adaptées au bus et doivent être aménagées. Il s’agit de Nodebais et Beauvechain qui devront trouver une solution à ces contraintes.

À Nodebais, j’avais déjà décrit il y a plusieurs années la modification de la rue de l’étang, dont le béton porte encore la date de cette transformation (3-7-54).

Le dernier alinéa juste avant le chapitre III souligne que, en éliminant les coûts fixes liés au rail (40 000 francs belges par an) et en investissant dans de grands autobus, les coûts devraient baisser sans pour autant réduire le nombre de voyageurs ou la qualité du service (service passager uniquement). On peut en discuter, mais il semble que pour la SNCV, il s’agirait d’une ligne à ‘basse fréquence’, probablement en comparaison avec d’autres trajets. Une dernière remarque : l’introduction du terme anglais ‘one man car’ désigne un bus conduit par un chauffeur qui assure également la vente ou le contrôle des tickets, réduisant ainsi les coûts opérationnels. Ce concept n’est pas nouveau et avait déjà été testé par la SNCB à Bruxelles en 1939, revenant périodiquement dans les discussions comme une ‘innovation’ pour réduire les coûts.
La description du trajet est moins captivante. Je me concentrerai uniquement sur quelques aspects qui m’ont interpellé. D’abord, le tracé à Louvain a été modifié : alors que le tram empruntait le ring vers la gare, le bus passera désormais par le centre. Il est à noter que le parcours actuel reprend celui de l’ancien tram.
Les ajustements nécessaires à Nodebais sont déjà connus, mais il est moins clair ce que la commune de Beauvechain devait entreprendre, peut-être lié à la ‘nouvelle route en béton’ construite par l’armée?
Je pointe aussi la mention du « Carrefour des Petites Abeilles », où se trouve actuellement le parc à conteneurs, à côté du Champ d’Asile. La description semble confuse ; il aurait suffi de mentionner que le bus suivra la nouvelle route construite pendant la guerre, l’occupant allemand ayant coupé la Rue Longue menant à ce carrefour.
En attendant la réalisation de ces travaux, le bus partira de Hamme-Mille sur la chaussée de Namur pour ensuite rejoindre Sart-Melin sur la chaussée de Jodoigne – un bus ‘express’… Plus tôt, il avait été espéré que ces communes libéreraient des budgets, mais puisqu’elles n’avaient plus de service (vers Louvain et Jodoigne), je considère que c’est plus proche d’un chantage. Tout cela semble avoir été réalisé dans la précipitation, justifié par les pertes, mais sans prendre en compte les besoins de la population. Si l’on considère la date de construction de la nouvelle rue à Nodebais (1954), est-ce qu’il y a vraiment eu une année sans service? Pas selon les dires d’anciens de nos villages.
Le 4ième chapitre finalise une conclusion que nous connaissions déjà. L’aspect intéressant réside dans le fait que la suppression et la vente du matériel (rails, métaux, engins, etc.) généreraient suffisamment de liquidités pour financer l’achat d’autobus, transformant ainsi l’infrastructure en matériel roulant. Cela met en évidence la valeur substantielle de l’infrastructure mise en place!
La remarque concernant le capital souscrit méritera une analyse ultérieure. Il est à noter que le capital de la SNCV était également partagé avec les communes et les provinces, ce qui, à mon avis, explique l’empressement de certains communes à vendre les terrains du tram dès que les rails seront retirés. Toutefois, cette discussion sera pour une autre occasion. Pour cela, il y aaura d’autres archives à consulter.
Le dernier chapitre n’ajoute rien de spécifique. Le directeur-général réitère l’urgence et la nécessité pour les actionnaires d’agir rapidement. Cependant, je suis surpris que M. Hoens aborde le dernier point un peu trop rapidement avec un langage quelque peu exagéré. Certes, les besoins ont évolué, mais il est légitime de se demander si ce changement était approprié. Il était quand même intéressant de pouvoir consulter ce document et retrouver le raisonnement de l’époque.





3 réponses à « La disparition du tram: changement de voie (3) »
[…] Pourriez-vous permettre de nouveau un détour par Heverlee? Je souhaite vous montrer un plan intéressant détaillant l’arrêt du tram en 1953 et le démantèlement de son infrastructure – « opbreking » sur le plan. À titre d’information, la vente de ce matériel a permis de récupérer suffisamment de liquidités pour acheter les bus… […]
[…] belle histoire, il y a une fin, et donc aussi à la ligne Louvain-Hamme-Mille (voir articles 1, 2, 3). La gare d’Hamme-Mille a pu encore rester un peu, car la ligne vers Tervuren continuait […]
[…] réactions virulentes à son égard. Quand j’ai donc publié son document (en trois parties 1 2 3) analysant la nécessité d’arrêter le service tram, vous pouvez donc vous imaginer les […]